La pro de la réglementation

Il aura fallu à Françoise Mirabel toute sa détermination d'adolescente pour convaincre ses parents, commerçants, de l'inscrire au lycée agricole de Sainte-Livrade-sur-Lot (Lot-etGaronne) pour y passer un bac D prime. Bac en poche, elle ne peut cependant pas tout de suite tisser sa « fibre agricole », car elle doit travailler pour le commerce familial. Ce n'est qu'à l'âge de 30 ans qu'elle réintègre enfin la filière Bepa en horticulture et cultures légumières et s'initie aux techniques hydroponiques en fraises et tomates qui l'intéressent tout particulièrement. Des stages à l'Airel, centre d'expérimentation de Sainte-Livrade, puis à la Protection des végétaux, lui permettent de parfaire ses connaissances et lui donnent envie d'aller plus loin. Elle passe alors un BTSA en cultures légumières qu'elle obtient en 1989. Elle enchaîne ensuite les contrats de vacation aux SRPV d'Aquitaine et de Midi-Pyrénées où elle rédige les bulletins d'avertissement agricole, puis devient technicienne fruits et légumes au Cadran d'Agen.

En 1998, obligée de se rapprocher de Toulouse pour raison familiale, elle postule à la Toulousaine de céréales qui crée un poste de technico-commercial chargé du suivi des cultures légumières de ses adhérents céréaliers. Françoise est alors embauchée : « J'étais la seule femme de l'équipe aux côtés de seize techniciens céréaliers et nos relations ont toujours été très bonnes. »

veille internet quotidienne

Commence alors le suivi de quatre-vingts maraîchers aux cultures très diverses. Françoise met en place des essais de variétés, teste différents terreaux, travaille avec le Cefel (Centre d'expérimentation fruits et légumes du Sud-Ouest), l'Airel, le lycée agricole d'Ondes… et n'a pas le temps de s'ennuyer. Pourtant, en 2000, lorsque la Toulousaine propose à ses techniciens de s'adonner à une activité complémentaire de leur choix, elle décide de prendre en charge l'aspect réglementaire de l'utilisation des produits phytos en grandes cultures comme en maraîchage. Elle réalise alors un état des stocks en magasin, repère les produits anciens et fait en sorte que tous les TC possèdent leur Dapa. En 2002, elle rencontre les ETA, anime des réunions de sensibilisation et les aide, eux aussi, à monter leurs dossiers Dapa. Elle passe ensuite un examen pour devenir conseillère à la sécurité pour le transport de matières dangereuses et organise des journées d'informations pour tous les intervenants concernés. Elle devient référente du système de conseil agricole pour accompagner les agriculteurs dans les dédales de la Pac en 2008. En 2009, elle est référente pour le diagnostic performances énergétiques, ainsi que membre du jury du Dapa où elle représente la coopération. « Au départ, cette responsabilité en matière d'affaires réglementaires représentait 10 % de mon temps, bientôt ce sera 100 %, car aujourd'hui le travail que j'effectuais à la Toulousaine s'applique aussi à Audecoop et au GCO depuis qu'Arterris a été créé. Chaque jour, j'effectue une veille grâce à internet et à mon réseau de relations et je diffuse les informations. Je fais aussi passer des QCM aux technico-commerciaux (Cognito de BASF) pour connaître leurs lacunes et organiser les formations adéquates. » Enfin, Françoise a initié en 2003 la création d'une ferme pilote avec parcelle rotationnelle sur six ans, système de gestion des effluents, couverts végétaux et travail sur l'apport des carabes pour le sol. Celle-ci a été sélectionnée par le programme européen TOPPS, a remporté un prix de la Fondation Pierre Sarrazin et a reçu les félicitations du ministère de l'Agriculture.

Florence Jacquemoud